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Epouvantails

L’épouvantail ne laisse personne indifférent. A travers lui se posent les questions majeures de l’humanité : les cycles de vie et de mort, mais aussi la relation de l’homme avec la nature.
Ce travail autour de l’épouvantail s’inscrit dans la démarche globale que poursuit le Théâtre Tohu-Bohu : une volonté d’expérimenter d’autres formes de théâtre et de recherche sur la théâtralité des figurines et des effigies.


L’homme et son double

Grâce à l’les épouvantails_076épouvantail, l’homme invente une image grimaçante de lui-même et se rend de ce fait présent dans son absence. Il se met par là même aussi en communication étroite avec la nature, le cosmos.
Dans l’épouvantail, il s’agit d’autre chose que de

faire un pied de nez à des seuls volatiles ; il s’agit bien plus de mettre en scène le spectacle intérieur et extérieur de l’irréductible combat de la vie et de la mort.

Le cultivateur, le jardinier se dédoublent pour rendre sa présence effective et agissante. Les habits des morts sont intégrés dans le monde des vivants, créant ainsi un lien entre les deux mondes.

Appréhension magique de l’épouvantail
D’un point de vue magique, l’épouvantail n’est pas un mannequin animé destiné à tromper l’oiseau, il porte en lui toutes les potentialités de l’homme…
Grâce à lui, le cultivateur se dédouble, obtient la faculté d’ubiquité (même absent il est présent), et c’est réellement que l’épouvantail, qui est lui, protège les champs.

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L’ancêtre continue d’être intégré dans le monde pas seulement en tant que souvenir mais comme une présence effective et agissante.
On voit se dessiner là tous les mythes de régénerescence et d’immortalité.
Par ailleurs, dans le “système” magique, l’épouvantail peut être un instrument pour agir sur quelqu’un et lui jeter un sort.

Style de l’épouvantail
“….L’épouvantail est comme chacun de nous : un mélange subtil d’inné et d’acquis, inspiré en partie par la nature propre à son auteur et par l’environnement. C’est en quoi il est particulièrement précieux et révélateur.
Pure expression de l’âme, faite en toute naïveté, en toute spontanéité, le plus souvent avec maladresse mais parfois avec beaucoup d’humour….

Guenilles, haillons et oripeaux
les épouvantails_072Guenilles, haillons quand on les évoque, les images arrivent en foule, sorties tout droit de l’imaginaire de la vie.
Sont vêtus de haillons tous ces êtres sans feu ni lieu, tous ces parias, tous ces exclus, ceux que l’on préférerait ne pas voir et qui reprisent leurs guenilles, les maintiennent en état jusqu’au bout.
Et si c’est bien de vie que parle la guenille, c’est de celle qui expire ou qui n’est plus. Troué, déchiré, usé, le vêtement ne peut plus protéger le corps du froid du dehors.
La guenille ne masque plus le corps souffrant. Elle est le cadavre du vêtement.
La guenille est l’épouvantail de notre civilisation habillée.

 

Qu’est ce qu’un épouvantail ?
une sorte de poupée faite de guenilles délavées les épouvantails_154flottant au vent et servant à éloigner les oiseaux ?
un pantin, une marionnette à l’image humaine, seigneur en lambeaux, bâton en croix recouvert d’oripeaux, planté dans un champ, fiché en terre par dérision et défi aux éléments naturels ?
un homme de paille, sorte de projection de soi-même, de double à qui l’on donne peut-être à porter, en sus de ses vieux vêtements, ses propres responsabilités et ses propres épouvantes ?
un personnage mutant, muet ou tout du moins chuchotant, dépositaire de l’imaginaire profond de l’espèce humaine?
un objet d’art en voie de disparition ?
Pure expression de l’âme, faite en toute naïveté, en toute spontanéité, le plus souvent avec maladresse mais parfois avec beaucoup d’élégance qui resurgit au détour du paysage sur lequel il se met à trôner tel un roi.

Est-ce un fétiche ou une oeuvre d’art?

les épouvantails_143Fabriqué par le paysan, il est avant tout un leurre; il peut passer à l’état d’objet d’art dans la mesure où s’épurant de sa fonction de trompe-l’oeil, il conserve celle d’épouvante et offre alors un espace où l’imaginaire de chacun peut se mouvoir.

 

“L’homme est une machine à fabriquer des dieux”
H.Bergson

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